Joe Lovano Trio

Salle Nougaro, Toulouse, 28 mars 2002

 

Joe Lovano était pressé. C'est pas moi qui le dis, c'est les types de la Salle Nougaro : il remontait à Paris en bus de luxe pendant la nuit, il était pressé. D'ailleurs, il regardait de temps en temps sa montre pendant le concert commencé une demi-heure en retard, ce qui est surprenant pour un homme pressé, et conclu une heure et demie après, ce qui n'a pas empêché les musiciens de nous être sympathiques. Ceci posé, on a eu une bon tour d'horizon, même un peu hâtif, de ce qui se fait dans l’âpre créneau sax-basse-batterie. Deux sidemen (Idriss Muhammad, dms, et Cameron Brown, b) qui recherchent compacité et efficacité plutôt qu'une originalité qu'on ne leur demande d'ailleurs pas, et un saxophoniste se maintenant au point d'équilibre entre Coltrane et Lester Young. De là, son souffle et ses doigts battraient la campagne jusque vers Archie Shepp, qui lui-même, on le sait, rêvassait beaucoup à Charlie Parker, et ainsi de suite… Pour aller à l’essentiel : d'excellentes prestations au ténor, notamment sur un tempo medium en milieu de récital. Du coup, on se dit que le passage à la clarinette qui s'ensuivit ne s'imposait guère, mais baste, Aïsha de McCoy Tyner au soprano se laissa finalement déguster avant le retour attendu du plus gros des tuyaux sur lequel on déroula jusqu'à la fin une série de tempi plus serrés engendrant à la longue comme un début d'impression d'uniformité. Mais à ce moment-là ils se sont arrêtés. Pressés vous dis-je.

 

Total un bon (quoiqu'un peu court) moment, malgré (ou à cause de?) ses allures d'exposé aride mais érudit et, pour tout dire, bien que ce ne fut jamais ostentatoire, fortement burné. Ce qui nous rappelle, en creux, le funeste soir où Jan Garbarek était venu gâcher en ces mêmes lieux une prestation de Peter Erskine et Miroslav Vitous, et nous enjoint de l’oublier enfin complètement. C’est là l’essentiel.