John Mac Laughlin Five Elements
Paris, La Cigale, novembre 1998
Milieu du deuxième set : la coulée de lave ruisselant de la scène a déjà largement noyé le parterre. Otmario Ruiz, aux claviers, et Matthew Garrison, à la basse, flottent particulièrement haut sur le brasier, et seul Gary Thomas (saxophones) semble être resté dans une dimension extatico-musicale disjointe - mais que nul ne songerait à qualifier d'inférieure - de celle de ses partenaires.
C'est donc au milieu des cris de délices des suppliciés que s'achève le résumé des épisodes précédents. Une fois "Bitches Brew", "Head Hunters", "Return To Forever" et même Coltrane, décidément tapi dans tous les coins, dûment célébrés, on entre dans l'au-delà. Quand, en fin de concert, John Mac Laughlin se lâche enfin, arc-bouté sur son seul batteur (Dennis Chambers, bestial à souhait), on se prend à rêver : ce type-là va nous montrer ce qu'aurait fait Hendrix s'il avait vécu. Finalement non, l'exploration culmine sur un aveu d'ignorance, les dents cassées sur le manche, et c'est tant mieux : autrement, que nous resterait-il à pleurer? L'essentiel, lui, peut se trouver ailleurs : le groove n'est plus une impasse se ramifiant au mieux à l'horizontale. Son issue existe, et elle est vers le haut! C'est d'ailleurs de là qu'il vient.