Novö + Arca

The Gate, Toulouse, 20 juin 2003

 

 

Il y a bien une raison pour qu’on soit là, dans la fournaise de dix heures du soir où seule la première moitié du demi-pression est assez fraîche pour nous faire un peu de bien. Il doit y avoir une raison, et à bien y regarder il y aurait peut-être comme quelque chose dans la pénombre derrière les deux musiciens de Novö et leurs dispositifs. Comme une porte de l’esprit, peut-être qu’elle donne sur un endroit frais, en tout cas pour l’instant les notes ne font que tourner autour, cherchent une (im)probable serrure, doutent peut-être de son existence. En tout cas ils ne sont guère à l’aise, ils ont l’air à l’étroit avec tout ces appareils entre un public où les mousses se réchauffent trop vite et une porte qui est peut-être un mur. C’est simplement qu’il nous faut être patients et, comme des yeux s’habituant à la pénombre, la sensibilité des musiciens s’accordant aux conditions de la performance et nos oreilles se faisant à la texture du son qu’ils tissent, on finira par voir s’ouvrir ce lieu, dans leur dos ou entre leurs têtes et les diapositives de playmobils en goguette qui flottent au-dessus. Retenez-le bien pour un prochain concert, une prochaine fois devant le passage : ce soir-là le mot de passe était en français. Toutefois, pas de vague de fraîcheur au moment de l’ouverture tant désirée, mais plutôt des couleurs, des sons (guitare, basse, voix, samples) qui se déploient en feuillets enfin polychromes, sur lesquels on finira de flotter longtemps après la dernière note. C’était Novö.

Sitôt redescendus, la même chaleur mais d’autres musiciens et dispositifs, plus nombreux. Une autre pénombre, un autre ailleurs que l’on devine enfoui dedans, une nouvelle exploration que l’on attend, mais Arca tournera une heure autour de son but sans parvenir à trouver de clé qui fasse l’affaire ni pouvoir compléter de paysage sonore alternatif. Peut-être qu’on ne peut pas gagner à tous les coups. Il nous reste la chaleur et on est heureux en somme qu’elle soit rester pour mieux nous rendre palpable un moment de musique et de vie, comme il y en a beaucoup, comme on espère qu’il y en aura encore beaucoup et un peu partout. Il y a toujours une raison.